Il y a longtemps que l’église Notre-Dame de Lourdes n’avait pas vibré au son d’aussi belles voix, du moins depuis le concert des 90 ans de l’harmonie quand nos propres choristes renouaient avec la tradition des concerts de Noël, comme le rappelait brièvement Bernard Wante en y accueillant le public le dimanche 9 novembre, et en présentant cet ensemble vocal d’exception dirigé par Rebecca Storm. Et le concert débutait d’ailleurs par un vibrant Hallelujah, un gospel parfaitement adapté pour un tel lieu, à l’occasion des 30 ans de la nouvelle église. Car la cheffe de chœur, par ailleurs directrice de l’École de musique de Saint-Amand-les-Eaux, est animée par un profond goût pour le chant choral. Elle a dirigé au fil des années de nombreux ensembles et participé à des projets d’envergure réunissant jusqu’à 500 choristes. Convaincue des vertus éducatives et humaines de la pratique musicale, sa conviction s’est renforcée dans sa vie personnelle : maman d’une petite fille polyhandicapée, elle a perçu très tôt le pouvoir apaisant et stimulant de la musique. C’est pourquoi elle a créé l’association « Les Petits Pas de Rachel », destinée à soutenir matériellement sa fille mais aussi à faire rayonner les bienfaits de la musique auprès de tous les publics, en particulier les publics empêchés. De cette aventure humaine et artistique est né l’ensemble vocal Les Voix de Rachel, qu’elle dirige, accompagné au piano par son mari Geoffrey et son fils Karl. Ensemble, ils partagent une histoire de famille et de convictions, offrant des concerts porteurs de valeurs d’inclusion, de partage et d’espoir.

Et le programme de ce concert nous a fait voyager au gré de leur passion et de l’enthousiasme que manifestent les choristes en interprétant tour à tour des œuvres très variées, comme une chanson des Bee Gees dans « La Fièvre du samedi soir », un extrait de la comédie musicale «Notre Dame de Paris», une chanson plus douce de Michel Legrand « Les moulins de mon cœur », un arrangement explosif d’un morceau de David Guetta ou même l’iconique Alleluia de Leonard Cohen en version française. Car leur répertoire est souvent agrémenté par cette rythmique corporelle qui rend unique leur interprétation, comme ils le montrent encore dans la deuxième partie avec des chansons africaines ou des extraits de musiques de films, comme la chanson de Céline Dion dans « Titanic », l’air final du « Voyage de Chihiro », ou encore le célèbre medley de « Sister act ».

Autant de performances vocales et rythmiques vigoureusement applaudies par un public conquis par le dynamisme de cette chorale, qui fait corps avec la cheffe de chœur, comme par la fraîcheur des jeunes solistes, sans oublier le tempo du pianiste qui les entraîne autant qu’il les accompagne. Et le public n’a pas manqué non plus de saluer la virtuosité précoce du frère aîné de Rachel, qui à seulement 14 ans était récemment en finale d’un concours comme « A vous de jouer dans les gares », et qui nous a montré toute l’étendue de son talent en interprétant successivement deux pièces de Chopin et la Passacaglia de Haendel, sans autre partition que sa mémoire ! Quant aux choristes, ils avaient choisi en guise de rappel de faire battre nos cœurs une dernière fois en chantant et mimant Mentissa, car « c’est pour ça qu’[ils] chante[nt] ».

De quoi rallier le public à leur cause et motiver sa générosité au prix du plaisir !