Après « Les jardins de Francis » inaugurés en septembre dernier, c’est une autre figure locale qui a fait l’objet d’un hommage officiel ce dimanche 18 mai au local de l’association RSO Animation en dédiant cet espace à son fondateur historique, Yves DESSORT, disparu en 2008, pour son « exceptionnel » dévouement et « son engagement sans faille envers notre commune et ses habitants » comme le soulignait Bernard de NARDA dans son discours inaugural. Car « Yves était bien plus qu’un simple résident de Raillencourt Ste Olle, c’était un visionnaire, un organisateur infatigable, et surtout un ami pour beaucoup d’entre nous » disait encore le maire devant sa famille, les membres de l’association, ses compagnons de la première heure, et les autres, élus ou représentants du monde associatif, venus nombreux lui rendre cet hommage.

Son portrait par Bernard de NARDA

Né le 20 février 1949 à Cambrai, Yves DESSORT a grandi dans une famille où le sens du service était déjà profondément enraciné. Ses études terminées et libéré des obligations militaires, il a tenu un commerce à Cambrai avant de s’installer dans notre commune où il se fait rapidement connaître. En 1976, il rejoint le bureau de l’Olympic Saint-Ollois, marquant ainsi le début de son engagement actif dans la vie locale. Un an plus tard, il met en place la première fête des fleurs, une manifestation qui sera reconduite chaque année pendant dix ans et dont la notoriété dépasse largement nos frontières. En 1984, avec l’accord de la municipalité de l’époque, il fait creuser des tranchées derrière le cimetière pour y organiser des compétitions de moto-cross, avant de le réaménager en terrain de VTT. C’est un peu plus tard, en 1987, qu’avec l’aide de ses amis il va créer l’association Raillencourt-Sainte-Olle Animation, pour mener à bien ses nombreux projets. Toujours à la recherche d’innovations pour ses manifestations, il achète une remorque et la transforme en bar mobile pour accompagner des rencontres inter villages et les fêtes communales, comme celle de St Nicolas qu’il met en place dès 1992, une tradition qui perdure encore aujourd’hui. Mais c’est aussi un homme avide de voyages et de découvertes et il organise régulièrement des croisières sur le Rhin, des virées en Allemagne, en Hollande et même au pays basque, d’où il reviendra avec cette idée de constituer une « banda », une fanfare ambulatoire comme il en existe beaucoup dans le sud. Pour y parvenir, il s’appuie sur Jacques MALET et ses amis musiciens pour réunir une trentaine d’instrumentistes: la Banda Ste Olloise est née et devient vite opérationnelle. Dès 2001, elle joue un peu partout et acquiert une renommée régionale, en participant à de nombreux carnavals et autres ducasses, dans les Hauts-de-France, en région parisienne, en Normandie ou en Belgique … 

C’est de là sans doute qu’est venu son goût pour la grosse caisse qu’il affectionnait au point de dire qu’il mourrait « les baguettes à la main », comme cela lui est effectivement arrivé au cours de cette sortie à Somain en 2008 où il a malheureusement perdu la vie.

Le témoignage d’Alfred CORDIER

Ami et complice d’Yvon avant même son arrivée dans la commune en 1983, puisqu’il était patron du café « Le week-end », Alfred se souvient notamment de la création en 1977 de « la fête des fleurs, une grande manifestation qui durait plusieurs jours, des kermesses qu’il organisait en plein air dans les écoles, de la vaisselle qu’il louait déjà aux personnes utilisant les salles des fêtes, de cette remorque aménagée en bar ambulant avec l’aide des enfants de Gayant avec son chapiteau, pour la louer aux autres associations, et de cette formation aux tirs de feux d’artifice qu’il avait suivie en 1983 avec la maison Rugieri à la base de Niergnies ».

Cuisinier de formation il exerça ensuite ses talents au restaurant scolaire du collège Notre-Dame, tout en se continuant de se dévouer pour la commune où il avait choisi de s’installer, d’abord dans la rue des Ardennes puis aux Côteaux.

Car « Yves avait l’âme d’un forain et savait organiser des fêtes, comme celle du Bicentenaire de la Révolution, où il fit reproduire une maquette de la Bastille sur la place de (l’ancienne) mairie, pour un spectacle son et lumière avec un feu d’artifice.][ Rien ne lui faisait peur, toujours innover et créer de nouvelles manifestations ». Mais il n’oubliait pas sa famille avec laquelle il partait « en reconnaissance le week-end … en quête de nouveautés ».

L’association qu’il a créée sait ce qu’elle lui doit et poursuit encore son œuvre !

L’hommage de Tanguy HERMANN / Président de l’Harmonie

« Aujourd’hui pas de baguette, pas d’instrument. Seulement les mots. Des mots pour dire l’émotion, la reconnaissance et le souvenir. Pas de discours trop solennel. Non, Yves aurait préféré le bruit des rires, un tempo entraînant, un air de fête. Ce tempo qu’il savait si bien donner … à la grosse caisse !

Alors aujourd’hui, alors que nous inaugurons cette salle qui porte son nom, je ne peux m’empêcher de repenser à tous ces moments de bonheur partagés. Yves, c’était un homme qui aimait la vie, qui aimait la fête, et surtout, qui aimait les autres. C’était un maestro, non seulement au sens musical, mais aussi au sens humain.

La Banda, mes amis, ce n’était pas qu’un groupe de musique. C’était une institution, un esprit, une famille. En créant cette formation, Yves a su rassembler des musiciens de tous horizons. Il a su transmettre une passion, un style, une ambiance unique. Et oui, la Banda a fait une pause, c’est vrai. Mais ce n’est qu’une pause. Nous, celles et ceux qui avons connu et hérité de cet esprit Banda, nous avons à cœur de continuer à le faire vivre. Car la Banda Sainte-Olloise est unique. Tenter d’en faire une simple copie, ce serait courir le risque d’une comparaison injuste avec le passé. 

C’est pourquoi nous avons proposé que notre Harmonie fasse renaître, sous une nouvelle forme, une branche festive : une descendante de cœur et d’âme de cette Banda. Et cette branche existe déjà. Elle ne demande qu’à grandir ».

Les remerciements de sa fille Virginie

Voir cette salle communale, un lieu de rassemblement et de vie, porter le nom de mon père est un honneur qui nous touche au plus haut point. Au nom de toute ma famille, je tiens à exprimer notre sincère gratitude à la municipalité et à toutes les personnes qui ont rendu possible cet hommage, et tout
particulièrement à Alfred CORDIER et Bernard DECRONAMBOURG car ils n’ont rien oublié de leur histoire, celle d’une bande de copains partageant la même passion pour la musique, la fête, la cohésion et surtout l’envie de rendre les gens heureux. Une amitié profonde et intense, sincère et joyeuse qui a réussi à traverser le temps et continuera d’exister au travers de cette plaque. Mon père était un homme généreux, un artisan du bonheur, un fervent défenseur de la vie, toujours prêt à rendre service. Que ce lieu qui porte désormais son nom soit synonyme de rassemblement, de partage, de rires et de convivialité, à l’image de ce qu’il aimait et de l’homme qu’il était.

Aujourd’hui nous honorons donc la mémoire d’Yves DESSORT en apposant cette plaque commémorative qui porte son nom, comme « symbole de notre gratitude et de notre reconnaissance pour tout ce qu’il a accompli ». Comme le voulaient ses amis, elle permettra désormais de mieux identifier cette salle qu’il n’aura pas eu le temps de beaucoup fréquenter, même si son souvenir y est toujours présent. Et comme il l’aurait voulu, cette cérémonie s’est poursuivie le verre à la main et dans la bonne humeur autour d’un apéro dînatoire.